Ma fille et le mutisme sélectif – 10 ans après

Ces dernières semaines, j’ai reçu plusieurs messages privés de parents qui m’ont posé des questions sur le mutisme sélectif, après avoir lu mes anciens articles sur le sujet, datant de 2014 et 2015 quand ma fille avait alors 4-5 ans. Je profite des réponses que j’ai rédigé pour les partager ici, pour d’autres parents qui seraient dans la même recherche et qui n’ont pas eu l’idée ou le temps de m’écrire.

Le mutisme sélectif comment s'en sortir

Il y a 10 ans, j’ai su que ma fille avait un mutisme sélectif

Pour vous raconter le contexte, j’habitais depuis 2013, en Thaïlande avec mon mari et ma fille Emy. Nous étions expatriés pour vivre une nouvelle aventure. Nous avons inscrit Emy à l’âge de 3 ans, en 2013, dans une école Montessori, à Chiang Mai, dans le nord du pays, car nous voulions qu’elle évolue à son rythme, sans pression et dans un bel environnement bienveillant et serein. Emy était dans une children house avec une éducatrice anglaise et une assistante thaïe qui encadraient une vingtaine d’enfants, si je me souviens bien. Pour ceux qui ne connaissent pas la pédagogie Montessori, une children house est une classe destinée aux enfant de 3 à 6 ans. Les enfants étaient tous mélangés et peu importe leur âge entre 3 et 6 ans.

Cette école était parfaite selon moi : bâtiment en teck, jolie terrasse pour chaque classe, un grand jardin verdoyant, du matériel Montessori de qualité et les éducatrices formées et diplômées de l’AMI.

L’année semble bien se passer. Emy était épanouie et très contente d’aller à l’école chaque jour. Au bout d’un an, le couperet est tombé, son éducatrice et la directrice de l’école nous a annoncé qu’elles n’ont jamais entendu une seule fois la voix d’Emy. Son papa et moi étions sidérés, étonnés et en colère. Pourquoi avoir attendu 1 an pour nous le dire ? Pourquoi notre fille si bavarde à la maison ne parlait pas en classe ni avec ses éducatrices, ni avec ses camarades de classe ? Quel est son problème ? Que devons-nous faire ?
Des dizaines de questions se bousculaient dans notre tête. Nous devions trouver une solution pour l’aider.
Je ne vais pas entrer dans le détail, mais vous pouvez lire mes autres articles de l’époque ici, ou encore ici et  et pour finir dans cet article.

Les solutions que nous avons trouvées à l’époque

Extrait de réponse que j’ai apporté par message privé à certains parents :

Ce qui le plus aider Emy à l’époque est le changement de classe pour être avec une autre maitresse et dans une autre classe (donc un autre environnement). Nous ne l’avions pas changé d’école à ce moment là.

Le soir après les cours, j’allais dans la classe seule avec elle pour discuter avec elle, pour qu’elle me montre ce qu’elle a fait, l’inciter à parler et à raconter sa journée. L’idée est de la faire parler dans cette école où elle n’avait jamais osé sortir un son.
Comme elle était seule avec moi, elle était à l’aise et me racontait fièrement ce qu’elle a fait dans la journée. Petit à petit, elle a pu se sentir bien dans ce lieu et a réussi à parler avec la maitresse et ses copains, à haute voix. Cette technique lue dans plusieurs livres a permis de mettre ma fille en confiance dans ce lieu qui était, pour elle, associé à « Emy ne parle pas ».

Ensuite, nous avons quitté cette école pour faire l’école à la maison et fréquentions une coop Montessori 2-3 jours par semaine. Là, comme j’étais sur place comme éducatrice et que l’environnement a changé sauf quelques copains qu’elle a retrouvés là-bas, elle est devenue très bavarde et aimait discuter avec tout le monde, même si parfois devant un inconnu bourru ou des personnes un peu strictes, elle semble encore pétrifiée même aujourd’hui, à 12 ans, mais de moins en moins.

Je dirai que le plus important est de changer d’environnement pour repartir sur de bonnes bases. Si je devais faire un parallèle, le déclencheur est un peu l’inverse de la Madeleine de Proust. Quand ma fille mettait les pieds dans sa classe et voyait sa maitresse, elle ressentait un sentiment désagréable qui l’empêchait de parler. En changeant d’environnement, votre enfant peut passer à autre chose et tout recommencer à zéro. Vous essayez de le rassurer, de lui montrer l’exemple et de le faire parler dans cet environnement, pour lui montrer qu’il n’a rien à craindre. Il pourra alors parler sans votre présence, après, avec les autres personnes de sa classe.

Pour compléter ces actions, j’ai fait du yoga et de la méditation avec ma fille. Je suis persuadée que ces activités peuvent l’aider à être moins stressée, à vivre les choses plus sereinement et à retrouver de la confiance en elle.

Les supports qui nous ont aidés

j’aime beaucoup lire et me renseigner sur tous les sujets qui m’intéressent. Quand j’ai appris les problèmes de ma fille, j’ai lu des tas de livres en anglais et en français, et j’ai appelé des associations. Voici une liste non exhaustive de ce qui m’a aidé à l’époque :

L’association Ouvrir la Voix

Les livres :

Helping your child with selective mutism

Le défi de Florian (édité par l’association Ouvrir la Voix)

Aide mon enfant à surmonter le mutisme sélectif

Mes réflexions avec plusieurs années de recul

Nous sommes de retour en France depuis 2019, suite à ma séparation avec le papa d’Emy. Avant notre retour, hormis le mutisme sélectif, nous avons constaté qu’Emy avait des soucis d’expression. En effet, elle a une dysphasie expressive, qui a été diagnostiquée par un orthophoniste à notre retour en France. Ce trouble est également l’une des raisons de ma décision de revenir vivre ici.

Je pense que quand Emy était petite, elle n’osait pas trop parler à d’autres personnes qu’à ses parents car elle avait ce trouble dysphasique. Je pense qu’elle ne se sentait pas capable de bien parler comme ses camarades de classe d’autant plus que la langue principale de cette école Montessori était l’anglais. Ainsi, je pense qu’elle a préféré de rien dire pour ne pas être jugée (ma pauvre petite puce).

Aujourd’hui, un autre combat est en cours pour aider Emy à surmonter sa dysphasie, mais c’est une autre histoire que je vous raconterai dans un autre article pour ne pas alourdir celui-ci. A suivre…