Mutisme sélectif : que s’est-il passé ?

J’ai passé ces 3 derniers jours seules avec ma fille, pendant que le papa était en voyage. Je la trouve merveilleuse, si sure d’elle et pourtant, parfois, elle semble douter d’elle et n’ose rien faire, surtout devant d’autres personnes. Je me suis alors demandée ce qui s’est passé à un moment de sa vie pour que cela bascule comme ça.

Emy a toujours été très souriante et prête à aller dans les bras de n’importe qui depuis qu’elle est née. Dès qu’elle croisait une personne, elle lui gratifiait d’un beau sourire qui faisait la personne. Sans crier garde, je me retrouve aujourd’hui avec la même petite fille enjouée et souriante avec nous, mais avec les autres, cela a bien changé. Est-ce lié au mutisme sélectif et que s’est-il passé pour qu’elle devienne comme ça ?

Nous l’élevons en suivant la pédagogie Montessori qui laisse libre les enfants dans les actes et les paroles. Partout où nous allons, nous faisons en sorte qu’Emy se sente à l’aise et ait tout à sa portée pour qu’elle soit autonome et non frustée. Cela a l’air de bien fonctionner. Mais pourquoi cette peur des autres et surtout pourquoi se défendre en refusant de leur parler et de leur sourire ?

Je me souviens qu’il y a quelques mois encore, tout le monde disait qu’elle est super souriante. Est-ce dû à notre déménagement à l’étranger ? Je ne pense pas, en tous cas, ce n’est pas la cause à 100%. En effet, Emy refusait déjà de parler à la crèche, mais nous pensions que c’est à cause de son jeune âge et qu’elle était un peu en retard pour parle. Or, elle parlait avec nous à la maison. Mais seulement avec nous. Nous ne connaissions pas le mutisme sélectif à l’époque, ni la pédopsychiatre que nous avons consultée à la crèche.

J’ai peur que plus elle grandit, plus elle a peur des autres.

Sans vouloir accuser qui que ce soit, je pense que l’environnement l’a aussi poussé à devenir comme elle est. Les gens, en voyant une petite fille ne pas parler, se sentent obligés de la qualifier de « timide » devant elle ou se permettent de demander « pourquoi elle ne parle pas ? ». La pédopsychiatre nous avait prévenu que ce sont ces situations qui ont tendance à renfermer un enfant dans ces étiquettes et qu’il est difficile de l’en sortir.

Un jour, j’ai entendu une personne dire à une maman devant sa fille que cette dernière est timide. La maman a eu une réaction merveilleuse. Elle a dit : « non, elle n’est pas timide, mais peut être qu’elle n’a pas envie de parler maintenant. » Chapeau ! Pourquoi n’ai je pas fait cela depuis longtemps ? On a tendance à acquiescer ce que disent les autres, presque par peur de les vexer si on ne le faisait pas et en s’excusant presque d’avoir une fille qui ne veut pas leur parler à ce moment précis. Depuis ce jour, je réponds la même chose que cette maman, quand on dit que ma fille est timide. Je me bats encore pour que son papa fasse de même.

Nous sommes tout le temps rattrapés par notre passé. Je crois qu’on appelle cela le fantôme de la nursery. Mon mari a été élevé pour être discret, ne pas se faire remarquer et laisser passer les autres avant. Depuis que ma fille est née, combien de fois, nous nous sommes disputés car il va déplacer Emy pour laisser passer un autre enfant, alors qu’elle essaie de monter les marches d’un tobbogan. Pour lui, comme celui derrière semble aller plus vite, elle ne doit pas le gêner. Je ne pense pas que cela l’aide beaucoup dans l’estime de soi. Mon mari a pris conscience de cela maintenant mais il lui arrive encore d’avoir ce fantôme de la nursery qui revient le hanter.

Je me suis aussi demandée si ce n’est pas l’école qui a déclenché tout cela, y compris la crèche. Pourtant, nous avons choisi ce qui nous semble de mieux pour elle, à savoir une petite école Montessori, pour qu’elle se sent libre de ses actions. Mais peut être qu’elle n’est pas à l’aise avec beaucoup de monde. Je me pose la question du homeschooling parfois, mais je ne suis pas formée et je n’ai pas envie qu’elle soit dépendante de moi.

Tout cela ne m’aide pas tellement à savoir ce qui s’est passé vraiment dans la vie d’Emy pour qu’elle soit fermée aux autres qu’elle ne connait pas. Ce n’est pas tout le temps le cas, car elle peut aller jouer dans un playground avec des enfants qu’elle ne connait pas, mais elle ne va pas leur parler. C’est sa façon de se protéger. De toute façon, c’est passé maintenant. Je dois faire en sorte de l’aider à regagner confiance en elle.

Nous participons à plusieurs play groups après l’école, ce qui semble l’aider beaucoup car dans ces cas, je vois qu’elle participe de plus en plus à la conversation avec ses camarades.

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