Ma fille mange à sa faim

A presque 3 ans, ma puce mange toute seule bien entendu, surtout qu’elle fréquente la crèche, donc elle le fait depuis plus d’un an déjà. A la maison, nous essayons de lui faire confiance. Nous essayons de ne pas l’obliger à finir son plat. Je dis bien « essayer » car notre passé fait qu’on a encore un peu du mal. En effet,  notre fille régurgitait quand elle était toute petite. Du coup, elle ne mangeait pas beaucoup et on devait l’obliger quasiment. Déjà à la maternité, elle ne voulait pas têter. Les aides soignantes faisaient trop de zêle et voulait absolument m’aider à faire têter ma fille. Je me souviens encore d’avoir eu très mal à chaque fois que l’une d’elle venait me pincer le sein pour faire sortir le lait. Ma fille ne voulait pas têter et moi je n’avais pas beaucoup de lait, vu la toute petite quantité que j’arrivais à extraire de mes seins avec une machine de torture.
Nous avons mal commencé nos rapports avec ma fille concernant l’alimentation. Comme, elle perdait beaucoup de poids, on ne voulait pas nous laisser rentrer chez nous. Du coup, les aides soignantes me reprochaient de ne pas bien allaiter ma fille et de ne pas lui donner assez de biberon. En même temps, ma fille réclamait toutes les 2 heures mais on me disait d’attendre un intervalle de 3 heures. Je ne savais plus quoi faire.


Une fois revenues chez nous, elle ne prenait pas beaucoup le biberon. On a remarqué au bout de 3 jours qu’elle avait la jaunisse, ce qui faisait qu’elle n’avait pas beaucoup de force pour têter. Nous sommes retournées à l’hôpital en néonathologie cette fois ci pour un traitement aux UV contre la jaunisse. Là encore, la petite ne voulait pas grossir et elle a été gardée trop de jours pour moi. Cette épisode me traumatise encore aujourd’hui car nous l’avions laissée plusieurs heures par jour au soin des infirmières et généralement nous la retrouvions seule dans son lit en train de pleurer. Je ne sais pas si ce manque d’attention aura des répercutions sur son évolution psychique et affective plus tard. J’espère que non en tous cas.

Quand nous sommes revenus à la maison, la puce mangeait plus mais pas tant que ça. Elle continuait à réclamait toutes les 2 heures mais le pédiatre a dit 3 heures. Nous l’avons écouté mais aujourd’hui, si c’était à recommencer, nous écouterions son corps plutôt que la théorie.
Ma fille hurlait à chaque fois qu’elle buvait son biberon. Nous avons consulté le pédiatre qui n’a rien trouvé et avons été aux urgences pour avoir d’autres avis, car nous ne supportions plus de l’entendre pleurer de souffrance comme ça, et là encore, les médecins n’ont rien trouvé. Et puis un jour, mon mari a croisé une copine qui lui a dit que les symptômes de notre fille ressemblait à ceux de son fils qui régurgitait. Nous avons donc ramenée notre fille voir le pédiatre et avons suggéré la régurgitation en disant bien qu’elle souffrait. Là le pédiatre semblait découvrir qu’elle souffrait alors qu’on n’a pas arrêté de le dire et a donné les médicaments qu’il fallait. Ce fût la fin de ses souffrances. De temps en temps, la puce pleurait encore, mais c’était genre 1 fois par semaine. Et petit à petit, tout s’est remis en ordre.

Mais le difficile rapport avec la nourriture de ma fille continue. A chaque visite chez le pédiatre entre 0 et 2 ans, il nous dit qu’elle ne mange pas assez comme si on ne lui donnait pas assez à manger. On s’est senti obligé de continuer à la gaver. Quand j’y pense aujourd’hui, je la plains énormément.

Depuis quelques temps, son poids est beaucoup plus acceptable. Du coup, on la laisse tranquille. Elle mange avec appétit et nous écoutons ses besoins et ses demandes. Elle prend les repas à la maison à table avec nous avec beaucoup de plaisir. Elle mange toute seule, même si parfois elle nous tend sa cuillère, comme une soudaine envie qu’on s’occupe d’elle. Nous ne l’obligeons pas à finir son plat (même si souvent sa grand-mère râle qu’elle ne mange pas beaucoup). Nous la laissons goûter à tout et elle adore le faire. Je pense que nous sommes sur la bonne voie et que de toute façon, elle ne va pas se laisser mourir.
C’est difficile d’être parents. On n’a pas de mode d’emploi livré avec le bébé. On essaie de tout faire du mieux possible. On essaie de suivre les conseils des médecins, mais hélas, ils ne sont pas toujours à notre écoute. En tous cas, nous avons été bien épaulés par la pédopsychiatre de la crèche (merci Agnès) qui a suivi notre fille et nous a assuré qu’elle mangeait avec plaisir et que selon elle, notre puce n’avait pas de problème avec la nourriture mais qu’elle devait avoir un petit appétit tout simplement.

Maintenant, nous la laissons manger à sa faim tout en l’accompagnant, c’est à dire en lui proposant de bonnes choses pour sa santé et son palais, mais plus jamais nous ne l’obligerons à manger alors qu’elle n’en a pas envie.

0 comments

  1. laure says:

    Bonjour,

    je découvre avec plaisir ton blog, et je m'arrête un instant pour commenter cet article.

    Déjà, je te plains pour les débuts bien compliqués que tu semble avoir eu avec l'alimentation de ta fille. Les conseils du genre "attendez 3 heures" me font voir tout rouge.

    Pour ce qui est de la diversification alimentaire, des petits appétits et des parents qui forcent l'enfant à manger, j'ai un livre un seul à conseiller : "Mon enfant ne mange pas" de Gonzalez. Très peu connu, on ne le trouve ni en librairie ni sur Amazon. Il est édité par la leche league (LLL), il est donc sur leur site seulement. Je l'ai lu après les vomissements répétés pendant les repas de mon fils, qui ne mangeait pas grand chose (de notre point de vue de parents). On était toujours à insisté pour une petite cuillère supplémentaire… Ce livre m'a ouvert les yeux sur ce que je lui faisait subir et m'a libéré de l'angoisse des repas. Si mon fils de mange pas… c'est qu'il n'a pas faim! Ca parait bête à dire mais ça déstresse de faire confiance à son enfant sur son appétit. Ce livre est indispensable à tout parents pour qui le moment du repas est tendu et qui s'inquiètent pour la santé de leur enfant. Par contre, ça m'a fait très très mal de réaliser que si mon enfant vomissait, c'était parce que je le "gavais" (apparemment, les enfants qui vomissent leur repas c'est très fréquent à cause de ça!), j'en ai pleuré.

    Désolé pour le racontage de vie, d'autant que tu semble être sorti de cette problématique, mais bon, au cas où tu aurais un autre enfant… j'en parle parce qu'à moins de fréquenter les réunions LLL (ce que je conseil pour un futur allaitement!), tu n'en entendras pas parler!

    Sur ce, je continue à me balader sur ton blog…

  2. Pooky says:

    Bonjour Laure,

    merci pour ton long message et d'avoir partagé ton expérience sur ce blog. Je ne connaissais pas le livre dont tu parles et c'est dommage car il aurait pu m'aider à l'époque. Comme tu dis, ça pourra servir pour mon prochain, en cas de besoin (bon en même temps, j'espère qu'on n'aura pas ce pb)

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